Faux-papiers - Carte d'identité

Numéro d'inventaire

019.3.6.1

Acquisition

019.3 don Dreyfus

Dénomination / Titre / Désignation

Faux-papiers

Dénomination / Titre / Désignation

Carte d'identité

Domaine / Discipline

Imprimé

Création/Exécution

10 juillet 1943 : Date d'émission


Limoges : Ville


Haute-Vienne : Département

Fonction / Utilisation

Imprimerie clandestine

Dreyfus Emmanuel, dit Manolo ou Commandant Marcel

Matière

Papier

Fonctionnement et contexte

Fausse carte d’identité du Commandant Emmanuel Dreyfus au nom d’Emile Aymard, établie à Limoges le 10 juillet 1943, avec le tampon de la Police nationale.
Les résistants étaient souvent obligés de changer d’identité pour échapper aux recherches lors des contrôles. Certains eurent plusieurs identités au cours de la guerre. Les faux papiers étaient très divers: cartes d’identité, permis de conduire, cartes d’alimentation, de tabac, de textile, laissez-passer...

Mot clé

Résistance


Presse clandestine


Dreyfus Emmanuel, dit Manolo ou Commandant Marcel

  • Emmanuel Dreyfus fut un globetrotteur alors que la plupart des gens de son époque ne dépassait pas les frontières de leur village. Il naquit en Argentine puis à l’âge de 9 ans, il fut envoyé en pension en Angleterre pour y faire ses études. À la fin de ses études secondaires à Londres, il rejoignit son oncle à Poitiers, professeur de mathématiques, pour préparer le bac de français qu’il obtint en 1938. Parce qu’il voulait devenir aviateur, il intégra le lycée Janson de Sailly à Paris et prépara le concours. Cependant, à la suite de l’examen médical, il fut déclaré inapte. En octobre 1939, il fut élève stagiaire chez un chirurgien-dentiste à Poitiers. Appelé pour son service militaire, il fit l’École des Officiers de Réserve à Montpellier pour revenir à Poitiers à la caserne d’Aboville comme brigadier artilleur. Rattrapé par la guerre et la défaite, il accepta avec d’autres cavaliers la mission de son colonel : sauver les chevaux du régiment en les transférant en zone libre à Rognac, dans les Bouches-du-Rhône, et cela malgré les interdictions allemandes et vichystes. Après trois semaines de voyage, l’objectif fut atteint en novembre 1940. Il fut démobilisé en novembre 1942 mais il dut se cacher car il était de confession juive. En mars 1943, aux environs de Poitiers, suite à une convocation au STO, il intégra un réseau d’évasion chargé d’évacuer vers l’Espagne les aviateurs alliés dont l’avion avait été abattu, tout en cachant les réfractaires du STO. En janvier 1944, le réseau fut démantelé. Prévenu à temps, Emmanuel Dreyfus se réfugia dans une ferme. Avec l’aide de proches qui habitaient le Dorat (Haute-Vienne), il rejoignit le maquis de Georges Guingouin. Il était officier de liaison auprès du Major Staunton et du Capitaine Frazer. Il fut envoyé à Limoges comme agent de renseignement sous la fausse identité d’Emile Aymard, contrôleur des métaux non ferreux. II logeait alors chez un policier. Il participa à la bataille de Blond, à l’attaque du train blindé et à la libération de Limoges. Sous le pseudonyme du commandant Marcel, il fut nommé chef de la police de Limoges jusqu’en septembre 1944, ce qui lui valut d’être la cible de deux attentats. Une fois la situation stabilisée, il devint interprète au sein de la Mission interalliée à Limoges. En mai 1945, il fut nommé à Castres. Atteint d’une grave dépression, il fut hospitalisé à Limoges puis envoyé à l’École militaire d’entrainement physique à Pau. Il fut démobilisé en novembre 1945. Emmanuel Dreyfus ne bénéficia d’aucune reconnaissance de la part des Gaullistes car il était chez les FTP, ni de la part du Parti communiste parce qu’il n’était pas communiste.

Limoges


Haute-Vienne


10 juillet 1943