Affiche - La triste histoire de Winston Churchill

Numéro d'inventaire

989.836.1

Acquisition

989.836 don Anonyme

Dénomination / Titre / Désignation

Affiche

Dénomination / Titre / Désignation

La triste histoire de Winston Churchill

Domaine / Discipline

Imprimé


Dessin

Création/Exécution

Dessinateur

Mars-Trick Marcel

1941 : Date de publication

Paris : Ville

Seine : Département

Fonction / Utilisation

Propagande

Matière

Papier

Fonctionnement et contexte

On peut dater approximativement la planche à partir de plusieurs indices : l’image des "plaqués" inclut les Grecs en sus des Polonais, des Belges, des Français et des Yougoslaves – elle est donc postérieure à l’évacuation finale de la Grèce début mai 1941, mais antérieure à l’invasion de l’URSS fin juin, qu’on n’aurait sûrement pas passée sous silence vu son intérêt dans la lutte de Vichy contre le "bolchévisme". L’idée que Churchill n’avait que fait semblant une fois de plus de venir au secours de la Grèce et de la Yougoslavie est explicite dans l’image "Débarquons à Athènes…".
Que veut démontrer la planche ? Que Churchill est un va-t-en-guerre ("J’mettrai l’feu à la Terre") ? C’est en effet ce que n’ont cessé de dénoncer en lui les nazis en Allemagne et les partisans de l’apaisement en France et en Grande-Bretagne avant la guerre. Qu’il abuse de ses alliés, qu’il trahit en permanence ? Soit – mais quels gains lui prête-t-on dans la planche, pour lui-même et pour son pays ? L’image "J’mettrai l’feu à la Terre" est à double tranchant pour les propagandistes car on l’y voit contraint de fuir cette Terre – or, en dépit de toute cette succession de revers avérés, il est toujours là, et bien là. Le général Weygand aurait dit en juin 1940 que l’Allemagne allait tordre le cou à l’Angleterre comme à un poulet – mais ce n’était toujours pas le cas un an plus tard. Pour employer un mot qui n’existait pas à l’époque en français, le lecteur de 1941 pouvait tout aussi bien voir dans cette planche une preuve de la "résilience" peu commune de Churchill, qui une fois encore aurait eu raison de juger que les caricatures le servaient plus qu’elles ne le desservaient.
Source: BNF, Gallica : https://gallica.bnf.fr/blog/07102020/quand-churchill-se-jouait-des-caricatures?mode=desktop

Description

Affiche de propagande anti-britannique mettant en scène Winston Churchill et relatant divers épisodes du début de la Seconde Guerre mondiale ; Dakar et Mers el-Kébir y sont notamment évoqués. Cette planche en 16 couplets s'inspire de la chanson populaire Malbrough s’en va-t-en guerre. Cette chanson connue de tous permet d’inscrire facilement la propagande dans les jeunes esprits.
Le dessinateur Marcel Mars-Trick fait allusion à Malplaquet dès la première image. Or cette bataille est peu connue et rien n’indique si c’est une victoire ou une défaite anglaise : ce n’est que dans l’avant-avant-dernière image qu’on apprend qu’elle a été remportée par Marlborough. Il devient alors clair pourquoi Malplaquet a été choisie de préférence aux trois autres : c’est qu’elle permet la rime avec "plaqués", et insiste sur la trahison de ses alliés par Churchill.
Parallèlement au thème des alliés "plaqués", revient sans cesse celui de Churchill toujours pressé de "rembarquer" : cela commence par la Norvège (que les Français connaissent sous le nom de "l’expédition de Narvik"), puis se poursuit en Belgique et à Dunkerque, pour se terminer par la Grèce au moment où la planche est tirée.
L’intention est bien sûr d’exploiter au maximum le traumatisme qu’a été pour les Français l’épisode de Dunkerque – pain bénit en France pour la propagande anti-britannique. Autre traumatisme, et autre tragédie dans les relations franco-britanniques qu’il convient d’exploiter à fond : le refus des amiraux de Vichy de rejoindre la flotte britannique qui conduira la marine royale à tirer sur les vaisseaux français à Mers el-Kébir, puis à Dakar. On se garde bien de dire qu’il n’y a eu aucune "traîtrise" et que bien au contraire les commandants de la marine nationale ont eu tout loisir de se rallier aux forces en lutte contre l’Allemagne, comme cela été le cas à Alexandrie en juillet 1940. On omet aussi bien évidemment de dire que le général de Gaulle a participé aux opérations de Dakar et qu’en fait c’est lui qui en avait proposé l’idée à Churchill.
L’accoutrement de Churchill, dans un uniforme qui mêle vaguement celui d’un amiral et d’un général des guerres napoléoniennes (et non de Louis XIV) avec un haut-de-forme qui porte le drapeau britannique, fait de lui un personnage ridicule – ce qui est naturellement dans la grande tradition des caricatures. Pourquoi revêt-il alors la tenue de l’armée de terre de 1941, fidèlement reproduite, avec le casque colonial que de fait il portait toujours en Afrique, quand on évoque le recul – bien réel à l’époque – en Cyrénaïque ? Ce n’est pas clair, mais ce que ne sait pas le Français qui regarde la planche en 1941, c’est que Churchill, loin d’ordonner ce repli, limogeait alors général après général en Afrique du nord en leur reprochant leur manque d’audace et de combativité.
Source: BNF, Gallica : https://gallica.bnf.fr/blog/07102020/quand-churchill-se-jouait-des-caricatures?mode=desktop

Mot clé

Anglophobie

Propagande

Churchill Winston

Mars-Trick Marcel

Paris

Seine

1941

Mers-el-Kébir 3 juillet 1940 Mers-el-Kébir

Bataille de Dakar 23 septembre 1940 Dakar